Lors d’un meeting le 16 novembre 2024, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a remis sur la table la question sensible de la fin de la Transition. Face à une foule de partisans du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), il a exprimé son inquiétude sur l’absence de discussions ouvertes sur ce sujet, suscitant des interrogations chez de nombreux Maliens.
Choguel Maïga a rappelé qu’en juin 2022, les autorités militaires avaient fixé la durée de la Transition à 24 mois, avec une échéance au 26 mars 2024. Cependant, cette échéance a été reportée sine die sans consultation préalable du gouvernement. « Le Premier ministre est aujourd’hui contraint de se fier aux rumeurs de la presse ou à des interprétations hasardeuses des gestes du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation », a-t-il dénoncé, soulignant le manque de clarté autour du programme de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE).
Le Premier ministre a plaidé pour une mise au point sur le fonctionnement des institutions. « L’efficacité de l’action gouvernementale est compromise par ces dysfonctionnements. À qui cela profite-t-il ? Pas au peuple malien », a-t-il déploré. Il a également mis en garde contre les risques de recul politique et social, citant la résurgence de pratiques dénoncées sous l’ancien régime.Pour le Premier ministre Maïga, la Transition doit rester fidèle à ses objectifs, notamment la création d’un Mali nouveau (Mali Kura), débarrassé des anciennes pratiques. Il a critiqué l’adoption précipitée de certaines mesures, telles que la mise en place de l’AIGE, qui aurait contourné les procédures normatives.
Un climat de tension et d’incertitudes
La prolongation de la Transition continue de diviser. En mai dernier, le M5-RFP avait déjà exprimé son mécontentement face au non-respect des engagements de transfert du pouvoir aux civils. Des tensions avaient culminé avec l’arrestation, en juin, de onze personnes accusées de complot contre les autorités militaires après avoir critiqué leur gestion.Des organisations de la société civile et certains acteurs politiques ont également réagi aux propos du Premier ministre. Si certains dénoncent ses critiques comme une tentative de « cabale », d’autres voient en lui une voix courageuse appelant à davantage de transparence.
Un appel à l’unité et au respect des institutions
Malgré ses critiques, Choguel Maïga a salué les forces armées pour leurs efforts et a appelé à l’unité nationale. « Nous devons respecter les autorités politiques, garantes de la stabilité et de la force de notre pays », a-t-il affirmé, exhortant les Maliens à surmonter les divisions pour préserver les acquis de la Transition.
Alors que le pays fait face à une recrudescence de l’insécurité et à des défis socio-économiques, le débat sur la fin de la Transition demeure crucial. Le peuple malien attend désormais des réponses claires de la part des autorités pour lever les zones d’ombre qui entourent cette période charnière.
Ibrahim K DJITTEYE