Après un premier report la semaine dernière, le procès sur l’achat controversé de l’avion présidentiel et de plusieurs équipements militaires a repris ce matin au tribunal de Bamako. Ce dossier, qui a longtemps défrayé la chronique, est l’un des symboles des soupçons de mauvaise gestion des fonds publics au sommet de l’État. Toutefois, à peine relancée, l’audience a été renvoyée au lendemain pour permettre une meilleure préparation des débats de fond.
Une audience marquée par la présentation des accusés et témoins
La matinée a débuté avec la présentation des principaux accusés, dont Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, et Moustapha Drabo, ancien responsable de la Direction des Finances et du Matériel de l’Armée. Peu après, une dizaine de témoins présents dans la salle d’audience ont également été introduits.
Aux environs de 10 heures, les membres de la Cour, sous la présidence du juge Bamassa Sissoko, ont pris place. Cependant, très vite, les avocats de la défense ont soulevé une objection, pointant l’absence de plusieurs témoins jugés cruciaux pour la bonne tenue du procès.
Absence de témoins clés : un obstacle pour la défense
Les avocats de Mme Bouaré Fily Sissoko et de Moustapha Drabo ont insisté sur la nécessité de la présence de trois témoins principaux : Sidiki Samaké, secrétaire général du ministère de la Défense, Coumba Diarra, membre de la Commission de réception des équipements militaires, et un certain Sidi Coulibaly. Pour eux, ces individus jouent un rôle central dans l’affaire et leur absence pourrait biaiser la procédure judiciaire.
Les avocats ont également mentionné les anciens Premiers ministres Moussa Mara et Oumar Tatam Ly, estimant que leurs témoignages apporteront des éclaircissements sur la gestion des marchés publics, les décisions politiques et les responsabilités des divers acteurs impliqués dans les contrats d’achat en question.
Selon la défense, ces absences empêcheraient un déroulement juste et équitable du procès, argumentant que les dépositions de ces personnalités sont indispensables pour établir les responsabilités et déterminer si des irrégularités ont réellement eu lieu.
Le parquet minimise l’impact de ces absences
De son côté, le parquet a adopté une position divergente. Selon lui, l’absence des témoins en question n’est pas de nature à compromettre le procès. Les procureurs estiment qu’il existe suffisamment de preuves documentaires et d’autres témoignages pour poursuivre les débats sans encombre. En ce sens, le ministère public semble vouloir aller de l’avant malgré l’objection soulevée par la défense.
Un procès qui s’annonce long et complexe
Ce report, bien que nécessaire pour préparer les débats, laisse présager un procès long et technique, où chaque détail sera scruté. L’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, pour des montants jugés excessifs par certains observateurs, est au cœur d’accusations de détournement de fonds publics, de surfacturation et de mauvaise gestion.
Les enjeux sont de taille, car ce procès représente bien plus qu’une simple affaire judiciaire : il touche à la crédibilité de l’État et à la lutte contre la corruption, une question centrale dans le Mali post-transition. Les décisions à venir pourraient avoir des répercussions importantes sur la scène politique nationale.
Le renvoi de l’audience à demain laisse entrevoir des débats de fond houleux, où chaque partie devra défendre ses positions avec rigueur.
Ibrahim K DJITTEYE