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Réforme administrative et territoriale : une étape cruciale pour la présence de l’État au Mali

Par Ibrahima DJITEYE
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Depuis 11 ans, le Mali a entamé un vaste processus de découpage administratif et territorial, divisant le pays en 19 régions, 1 district, 159 cercles, 474 arrondissements, 815 communes et 12 641 villages, fractions ou quartiers. Avec la récente nomination des gouverneurs, préfets et sous-préfets dans ces nouvelles circonscriptions, les autorités de la transition poursuivent une stratégie ambitieuse visant à renforcer la présence de l’État sur l’ensemble du territoire national.

Le retour de l’administration dans l’ensemble du territoire national a été une priorité affichée dès les premiers jours de la transition. Conscient de la désorganisation et du retrait de l’État dans plusieurs régions du nord et du centre, le gouvernement malien a mis en œuvre une politique méthodique et volontariste pour finaliser le réaménagement des circonscriptions administratives. En mars 2023, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a promulgué cette réforme qui a permis la nomination des gouverneurs, préfets, et sous-préfets. Ce réaménagement est loin d’être une simple réorganisation structurelle : il s’agit avant tout d’une tentative d’assurer la réinstallation durable des services de base et de l’autorité de l’État dans des régions où son absence prolongée avait laissé un vide propice aux activités des groupes armés.

La nomination de ces nouveaux représentants de l’État, en particulier dans des zones comme Kidal, où l’État malien n’exerçait plus son autorité depuis plusieurs années, symbolise la volonté de restaurer une présence effective de l’administration. La région de Kidal est devenue un enjeu géopolitique majeur au Mali, et son réintégration dans le giron étatique est vue comme une avancée significative dans la réaffirmation de la souveraineté nationale. Le retour du gouverneur dans cette région est ainsi perçu comme un signal fort du gouvernement de transition, qui souhaite démontrer sa détermination à pacifier et à unifier le pays.

Collaboration multisectorielle pour un déploiement réussi

Pour assurer la mise en œuvre réussie de cette réorganisation, une collaboration étroite a été instaurée entre plusieurs ministères clés. Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, dirigé par le colonel Abdoulaye Maïga, a joué un rôle central dans la coordination des efforts. Il a travaillé main dans la main avec les ministères de la Défense et des Anciens combattants, de la Sécurité et de la Protection civile, garantissant ainsi que le redéploiement des autorités administratives soit accompagné par des dispositifs de sécurité renforcés. Cette synergie a permis non seulement de déployer massivement les agents de l’État, mais aussi de créer un climat de sécurité nécessaire au bon fonctionnement des services publics dans les zones réinvesties.

La présence des services sociaux de base dans ces nouvelles circonscriptions est un enjeu fondamental pour répondre aux besoins urgents des populations locales. Les autorités de la transition ont intégré dans leur stratégie la nécessité de rétablir des services tels que la santé, l’éducation, et la protection sociale. En fournissant ces services essentiels, le gouvernement espère rétablir la confiance entre les populations locales et l’État, favorisant ainsi un environnement plus propice à la paix et au développement.

Impacts sociaux et sécuritaires de la réforme

L’un des résultats directs de cette réorganisation est la réduction du nombre de déplacés internes et de réfugiés, qui avaient fui les régions en proie à l’insécurité. Selon le ministre de l’Administration territoriale, cette politique de réinstallation a contribué au retour progressif des populations déplacées. En facilitant l’accès aux services de base et en renforçant la sécurité dans les zones à risque, l’État malien a pu restaurer un climat de confiance dans certaines régions, incitant les populations à revenir.

En outre, cette réforme a des répercussions importantes sur la sécurité intérieure du Mali. Avec une meilleure répartition des autorités administratives et une réinstallation progressive de l’administration dans les zones vulnérables, l’État reprend progressivement le contrôle de ses frontières internes. Cela permet une meilleure gestion des territoires, notamment en ce qui concerne la lutte contre les groupes armés et les trafics transfrontaliers. Pour le colonel Abdoulaye Maïga, il est primordial qu’un État connaisse avec précision ses frontières, aussi bien externes qu’internes, pour poser les bases solides d’un développement durable.

Défis et perspectives

Bien que des avancées significatives aient été réalisées, la réforme administrative et territoriale au Mali est loin d’être terminée. La restauration complète de l’autorité de l’État, particulièrement dans les régions du nord et du centre, reste un défi majeur. Les autorités de la transition, tout en saluant les progrès accomplis, reconnaissent la nécessité d’accompagner ce processus d’efforts continus en matière de sécurité, de réconciliation, et de développement économique.

Les zones rurales et les régions isolées continuent de poser des défis logistiques et sécuritaires importants. Les groupes armés, bien que repoussés dans certaines zones, conservent une capacité de nuisance. L’État doit donc non seulement maintenir, mais renforcer ses efforts de sécurisation et d’implantation des services publics dans ces régions.

Cependant, cette réforme ouvre la voie à une refondation de l’État malien, basée sur une administration plus proche des citoyens, capable de répondre à leurs besoins, et plus résiliente face aux défis sécuritaires. En réaffirmant la présence de l’État dans toutes les régions du pays, les autorités de la transition espèrent poser les bases d’une paix durable et d’un développement inclusif.

La réforme administrative et territoriale en cours est un levier fondamental pour la redynamisation de l’État malien. Elle constitue non seulement un outil de gestion des territoires, mais aussi un facteur clé pour la stabilisation et la pacification du pays. L’avenir du Mali dépendra en grande partie de la capacité des autorités à poursuivre cette réforme tout en assurant la sécurité et la participation des populations locales.

Ibrahim K DJITTEYE

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