Le 2 août dernier, l’ancien Premier ministre Moussa Mara a pris la décision de renoncer à ses avantages d’ancien Premier ministre, une démarche qui aurait dû être saluée comme un geste de responsabilité en période de crise. Cependant, cette décision a suscité des critiques acerbes de la part de ses adversaires politiques, qui l’accusent de manipulation et de stratégie politique.
Moussa Mara, qui a dirigé le gouvernement malien de mars 2014 à janvier 2015, a adressé une lettre à l’actuel chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maiga, dans laquelle il annonce sa décision de renoncer à ses privilèges. Ce geste pourrait sembler comme une tentative de montrer l’exemple en cette période de turbulences politiques et économiques, mais il n’a pas manqué de faire l’objet de controverses.
Les critiques fusent de tous côtés. Ses opposants accusent Mara de profiter de cette décision pour améliorer son image auprès de l’opinion publique, en prétendant agir dans l’intérêt général tout en cherchant à consolider son pouvoir politique. Pour eux, la renonciation de ses avantages apparaît comme un coup de théâtre destiné à détourner l’attention des réelles préoccupations du pays, notamment la gestion de la crise en cours.
Cette polémique intervient dans un contexte où les avantages des membres du Conseil National de Transition (CNT) sont vivement critiqués. En effet, ces derniers mois, des débats houleux ont émergé concernant les privilèges accordés aux membres de cet organe législatif de la Transition. Nouhoum Sarr, membre du CNT, a publiquement affirmé que leurs avantages ne seraient pas négociables, affirmant que le CNT ne céderait « pas 1F » de ses privilèges. Cette déclaration a alimenté les tensions et exacerbé les critiques envers les institutions de transition.
La réaction de Nouhoum Sarr semble illustrer une déconnexion entre les institutions en place et les préoccupations croissantes de la population malienne. Alors que le pays traverse une période de grande incertitude et de crise économique, la persistance des privilèges des membres du CNT est perçue comme un affront par de nombreux Maliens qui luttent contre les difficultés quotidiennes.
Le geste de Moussa Mara, bien qu’apparemment noble, est ainsi mis en lumière dans un contexte où chaque action politique est scrutée avec suspicion. Les critiques affirment que la renonciation à ses avantages pourrait être davantage une manœuvre calculée qu’un véritable acte de désintéressement. Pour eux, cette décision pourrait servir à renforcer son image de leader soucieux des réalités nationales, tout en ne résolvant en rien les véritables problèmes du pays.
En somme, la renonciation de Moussa Mara à ses avantages d’ancien Premier ministre se révèle être un sujet de débat complexe. Dans un contexte de crise et de mécontentement général, chaque geste politique est analysé sous un prisme de scepticisme, et les motivations des acteurs politiques sont scrutées de près. Alors que la crise continue de peser lourdement sur le Mali, les questions de transparence et de responsabilité restent au cœur des préoccupations de la population.
Ibrahim K. DJITTEYE
