COMMENT UNIR LES MALIENS DANS UN PAYS FRAGMENTÉ ?
Aujourd’hui plus que jamais, le Mali semble divisé, épuisé par des années de crises politiques, sociales et sécuritaires. La dissolution de l’AEEM, jadis moteur de l’engagement estudiantin, a laissé un vide dans la voix de la jeunesse.
La CMAS, avec son autorité morale historique, n’est plus, fragilisant davantage le tissu social. Même au sein des forces de l’ordre, le projet de rattachement des syndicats de police aux corps paramilitaires suscite tensions et méfiance.
Les anciens espoirs portés par le M5-RFP se sont effilochés en une multitude de factions concurrentes, incapables de parler d’une seule voix. Les partis politiques traditionnels sont marginalisés, menacés de dissolution, quand ils ne sont pas simplement ignorés.
Les voix religieuses, autrefois fédératrices, s’élèvent désormais de manière discordante depuis les clivages nés du référendum constitutionnel de 2023.Dans cette cacophonie, les postes politiques semblent attribués moins pour la compétence que par loyauté clanique.
Les amitiés d’hier dessinent les administrations d’aujourd’hui, souvent au détriment de l’intérêt général et du rêve collectif malien.Alors, comment unir les Maliens ?L’unité ne peut venir d’injonctions autoritaires ou de slogans creux. Elle passe par la restauration de la confiance, la réhabilitation du dialogue national sincère, et la remise de l’intérêt supérieur de la nation au centre de l’action publique.
Cela suppose :Inclure toutes les forces vives : jeunesse, partis, syndicats, religieux, diaspora.Reconstruire des espaces de débat libres et respectueux.Mettre fin à la politique des clans pour redonner à l’État une légitimité au service de tous.Reconnaître les erreurs du passé sans chercher des boucs émissaires.
Faire de la justice et de l’équité sociale des piliers de toute action future.Le Mali ne renaîtra pas par l’exclusion ni par la peur. Il renaîtra par la vérité, la reconnaissance de la pluralité, et la capacité à construire ensemble, malgré les blessures.Le chemin sera long, semé d’embûches.
Mais il reste possible. Car dans chaque Malien, vit encore la fierté d’appartenir à une grande nation, et le rêve, parfois silencieux, de la voir se relever, digne et unie.