Par Salif SYLLA
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Les funambules sans vertige

Avancent, confiants, sur le fil ténu du pouvoir, sans jamais regarder en bas. Ils n’ont pas le vertige, non. Car ils n’ont pas de poids : ni poids moral, ni fardeau de conscience.Ils sont légers. Volatils. Malléables. Et surtout… disponibles.

Chefs de partis, dit-on. Mais en vérité, ils sont chefs de vent. De brise opportuniste.Un jour contre, un jour pour. Jamais clairs, toujours là. On les appelle « opposants », mais leur opposition est une danse : deux pas en avant, trois pas vers le pouvoir.Ils ne s’opposent pas, ils négocient leur silence.Ces hommes politiques.

– car ce sont presque toujours des hommes – sont les champions d’une discipline olympique : l’art de ne rien penser profondément, pour mieux pouvoir tout accepter.Et s’il y a bien une chose qu’ils refusent de tolérer, c’est la mémoire démocratique.

Ah 1991… cette date les dérange, les irrite, les fait tousser.Car elle leur rappelle qu’il y eut un temps où des femmes et des hommes ont marché dans la rue sans calcul, sans agenda, sans cachet d’apparition médiatique.

Ils ont marché, non pas pour un poste, mais pour une idée.Une idée folle, à leurs yeux : celle d’un Mali libre, démocratique et juste.Mais aujourd’hui, ces rêveurs-là sont devenus des gêneurs. On les accuse d’avoir « échoué », comme si la démocratie était un sprint et non une marche longue, semée d’embûches.On les traite de vieux fossiles, pendant qu’on donne la parole à ceux qui changent d’avis à chaque transition.On les accuse de tous les mots, parce qu’eux, au moins, ont eu le courage d’en prononcer des vrais.

Les funambules d’aujourd’hui, eux, ne disent rien de tranchant.Ils surfent sur l’ambiguïté comme on surfe sur les vagues du mensonge.Ils soutiennent tout ce qui brille, pourvu que ça éclaire leur propre visage.Ils sont patriotes… mais à condition que le patriotisme soit rentable.La vérité, c’est qu’ils ont peur.

Pas du pouvoir. Non.Mais de ceux qui leur rappellent qu’à une époque, la politique était un sacrifice, pas une carrière.Ils effacent 1991 non pas parce qu’ils le détestent,mais parce que ce moment-là les démasque.Alors, ils dansent.Sur un fil invisible tendu entre l’opportunisme et l’oubli.Mais qu’ils sachent une chose :le fil finira par casser.

Et quand il cassera, ce ne sont pas les démocrates de 1991 qu’on pleurera,mais bien ceux qui ont tué l’espoir sans jamais oser l’avouer.

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