Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau, a semé la confusion après avoir d’abord annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat, avant de revenir sur ses propos quelques jours plus tard. Le 15 septembre 2024, il a finalement laissé entendre qu’il pourrait envisager une nouvelle candidature si ses partisans le demandaient.
Cette volte-face intervient seulement quelques jours après une déclaration ferme de non-candidature pour l’élection présidentielle de 2025. Cependant, au cours de cette rencontre avec ses soutiens, Embalo a déclaré être « entièrement à la disposition » de ses partisans, laissant ainsi entrevoir un changement potentiel dans ses ambitions politiques.
Cette posture n’est pas inhabituelle dans le paysage politique africain, où les promesses électorales des dirigeants peuvent souvent être révisées selon les circonstances. Comme le souligne Boubacar Ba, journaliste sénégalais chez nos confrères d’Africa 24, « en Afrique, les hommes politiques prennent beaucoup de liberté avec leurs promesses. » Il ajoute que cette situation se distingue des cas où des présidents en fin de second mandat cherchent à se maintenir au pouvoir à travers des modifications constitutionnelles controversées. Embalo, pour sa part, n’est qu’à la fin de son premier mandat et se trouve donc dans une position légale pour envisager un second mandat.
Âgé de 51 ans, Umaro Sissoco Embalo a pris les rênes de la Guinée-Bissau après avoir prêté serment en 2019, à l’issue d’une élection contestée par son principal rival, Domingos Simoes Pereira, qui avait dénoncé des fraudes. Malgré des mois de tensions, la communauté internationale avait finalement validé l’élection d’Embalo, qui a depuis gouverné un pays marqué par une instabilité chronique et des coups d’État à répétition.
Pour Boubacar Ba, ce revirement pourrait s’expliquer par les pressions exercées par ceux qui entourent le président et qui ont intérêt à rester dans les cercles du pouvoir : « Il y a beaucoup de personnes qui tournent autour de ces chefs de l’État et qui pourraient avoir besoin de rester au pouvoir même si le chef de l’État n’a plus envie. »
La Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest comptant environ deux millions d’habitants, est connue pour son histoire tumultueuse. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a subi de multiples coups d’État militaires et politiques, reflétant l’instabilité qui continue de peser sur ses institutions.
La décision finale d’Umaro Sissoco Embalo de se présenter ou non pour un second mandat pourrait avoir des répercussions significatives sur l’avenir politique de ce pays fragile.
Ibrahim K. DJITTEYE
