Radiation disciplinaire dans l’armée malienneDeux Généraux et plusieurs Officiers exclus pour “faute grave” Une décision du Chef de l’État qui s’inscrit dans un contexte de suspicion de “tentative de déstabilisation”.
Le Président de la Transition, Chef de l’État et Chef suprême des Armées, le Général d’Armée Assimi Goïta, a signé, les 7 et 8 octobre 2025, une série de décrets et d’arrêtés prononçant la radiation de plusieurs officiers supérieurs et sous-officiers des effectifs des Forces Armées et de Sécurité du Mali.Officiellement motivées par des “mesures disciplinaires”, ces décisions surviennent dans un climat de fortes suspicions de tentative de déstabilisation du régime transitoire, après une série d’arrestations opérées ces dernières semaines au sein de l’armée. Deux Généraux parmi les radiés, Les documents officiels, dont plusieurs décrets datés du 7 octobre 2025 et un arrêté du 8 octobre, confirment la radiation de deux Généraux de Brigade, figures bien connues de la hiérarchie militaire malienne : Le Général de Brigade Abass DEMBÉLÉ, de l’Armée de Terre (Décret N°2025-0680/PT-RM du 07 octobre 2025) et la Générale de Brigade Néma SAGARA, de l’Armée de l’Air (Décret N°2025-0681/PT-RM du 07 octobre 2025).
Ces deux officiers avaient déjà fait l’objet d’une arrestation en août 2025, dans le cadre d’une enquête sur une présumée tentative de déstabilisation des institutions de la Transition. Leur radiation marque une sanction disciplinaire définitive, confirmant les conclusions des conseils d’enquête. Une purge transversale à tous les corpsOutre ces deux haut gradés, la vague de radiation s’étend à plusieurs officiers de différents corps d’armée et directions stratégiques, traduisant une opération d’assainissement à large spectre. Les concernés sont notamment : Lieutenant-Colonel Baba DEMBÉLÉ, Armée de Terre (Décret N°2025-0686/PT-RM) ; Lieutenant-Colonel Moro SIDIBÉ, Garde Nationale (Décret N°2025-0684/PT-RM) ; Lieutenant-Colonel Mamadou Tiéncoro DIARRA, Direction du Matériel, des Hydrocarbures et du Transport des Armées (Décret N°2025-0685/PT-RM) ; Lieutenant-Colonel Amadou KEITA, Génie Militaire (Décret N°2025-0682/PT-RM) ; Lieutenant-Colonel Saybou KEITA, Armée de l’Air (Décret N°2025-0683/PT-RM) ; Lieutenant-Colonel Soungalo DIOP, Direction Centrale du Service de Santé des Armées (Décret N°2025-0687/PT-RM) ; Capitaines Séckou Amadou FANE, Mohamed OUATTARA et Magassi TOUNKARA, tous issus de l’Armée de Terre et du Génie Militaire (Décrets N°2025-0689 à 0690/PT-RM).
À cette liste s’ajoute le Sergent-chef Boucary KRACODIO, sous-officier de l’Armée de l’Air, dont le contrat a été résilié par arrêté du Ministre de la Défense, le Général de Corps d’Armée Sadio Camara, en date du 8 octobre 2025.
Des “mesures disciplinaires” à portée politiqueSelon les textes, toutes ces radiations reposent sur les conclusions de procès-verbaux du Conseil d’enquête (ou de Conseil de discipline pour les sous-officiers), datés du 6 octobre 2025.Cette chronologie traduit une procédure rapide et coordonnée, intervenant peu après la fin des enquêtes internes ouvertes à la suite des arrestations d’août 2025.Officiellement, le motif de “mesure disciplinaire” renvoie, conformément au Statut général des militaires, à des fautes graves contre l’honneur, le devoir, la probité ou la discipline. Mais pour de nombreux observateurs, ces décisions constituent une réponse directe à des actes perçus comme hostiles à la Transition, assimilés à des tentatives de subversion interne. Une reprise en main ferme de la hiérarchie militaireDepuis plusieurs mois, les autorités de transition affichent une tolérance zéro à l’égard des comportements jugés contraires à la discipline ou à la loyauté institutionnelle.Cette série de radiations s’inscrit dans la continuité de la politique de fermeté prônée par le Chef de l’État, le Général Goïta, qui entend préserver l’unité et la cohésion des forces armées face aux menaces multiples : terrorisme, ingérence extérieure, et désormais, suspicions de complot interne. En toile de fond, cette vaste purge traduit aussi une volonté d’épurer les rangs militaires de tout élément jugé “douteux” ou “suspect”, afin de consolider la chaîne de commandement dans une période cruciale pour la Transition et l’Alliance des États du Sahel (AES). Un signal politique fortPolitiquement, cette décision renforce l’image d’un pouvoir déterminé à maintenir l’ordre et la discipline au sein des forces de défense et de sécurité, considérées comme le pilier central de la Transition.
Mais elle soulève aussi des questions sensibles sur la gestion du dissentiment au sein de l’armée, et sur le risque de crispation que ces sanctions pourraient engendrer dans certains cercles militaires. Pour les autorités, cependant, le message est clair : « Nul ne saurait être au-dessus de la discipline militaire ni compromettre la stabilité de la Transition », confie une source proche du ministère de la Défense. La radiation simultanée de deux Généraux et de plusieurs Officiers supérieurs, rarement observée depuis la refondation des FAMa, marque une étape majeure dans la consolidation du commandement militaire sous l’autorité directe du Chef de l’État.
Par D.S