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Procès de l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires : l’ex-ministre des Finances réfute les accusations de fraude dans l’achat militaire

Par Ibrahima DJITEYE
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Le procès de Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre des Finances, a atteint son quatrième jour à la Cour d’appel, avec des débats intenses autour de son implication dans l’achat d’équipements militaires pour l’État malien. Au centre de l’affaire, la question de la surfacturation et du rôle qu’aurait joué l’ancienne locataire de l’hôtel des Finances dans ces transactions. Pourtant, malgré plus de six heures d’interrogation, Mme Sissoko est restée ferme dans sa ligne de défense, affirmant n’avoir fait qu’exécuter les paiements conformément à son rôle de comptable public.

Dès le début du procès, les juges ont tenté de démontrer la culpabilité de Mme Sissoko dans la gestion de plusieurs dossiers sensibles, notamment celui de l’achat d’un avion présidentiel et celui des équipements militaires. Face aux accusations, l’ancienne ministre a maintenu qu’elle n’avait eu qu’une seule responsabilité dans cette affaire : exécuter les paiements déjà engagés par l’État.

Mme Sissoko a expliqué qu’elle n’avait pris connaissance du protocole d’accord entre le ministère de la Défense et la société Guo-Star qu’après sa signature par Soumeylou Boubeye Maïga, alors ministre de la Défense et des Anciens Combattants. Ce contrat, d’un montant supérieur à 69 milliards de Fcfa, portait sur la fourniture d’équipements militaires destinés aux Forces armées maliennes (FAMa). Selon l’accusée, le coût total de ces acquisitions se montait à plus de 33 milliards de Fcfa, répartis en plusieurs volets : les matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’alimentation pour 21,7 milliards de Fcfa, les véhicules et pièces de rechange pour plus de 7,8 milliards de Fcfa, et enfin d’autres matériels à hauteur de 3,4 milliards de Fcfa.

Lorsque le président de la Cour a interrogé Mme Sissoko sur l’exécution de ce contrat, alors qu’elle avait refusé de l’approuver dès le départ, elle a précisé n’avoir été impliquée que dans la phase de paiement. Elle a justifié son action par l’urgence sécuritaire à laquelle faisait face le Mali, en proie à de multiples attaques terroristes, et la nécessité de doter les FAMa en équipements.

Toutefois, le président a continué à questionner la mise en place par Mme Sissoko d’une garantie autonome de 100 milliards de Fcfa pour faciliter la transaction. Cette garantie, selon lui, aurait permis la surfacturation des équipements. Mme Sissoko a rétorqué qu’il s’agissait de garantir le ministère de la Défense et non le fournisseur Guo-Star. Elle a ajouté que cette société collaborait avec le ministère depuis l’an 2000, bien avant le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), et qu’à l’époque, le pays étant sous embargo, il était impossible de traiter directement avec les fabricants.

Sur la question de la surfacturation soulevée par le ministère public, Mme Sissoko a contesté toute idée de fraude. Elle a souligné qu’il n’existait pas de mercuriale de prix pour les équipements militaires de ce type, en particulier dans un contexte où le contrat ne passait pas par les marchés publics, mais était soumis à une procédure dérogatoire. Elle a également expliqué que la garantie avait été annulée après qu’elle avait eu connaissance d’une possible fraude. Le paiement de 22 milliards de Fcfa qui avait été effectué correspondait, selon elle, à ce qui avait effectivement été livré aux FAMa.

Les débats ont continué autour des circonstances de cet achat et du rôle joué par Mme Sissoko, avec un parquet déterminé à prouver l’existence de malversations. Représenté par Kokè Coulibaly, le ministère public a demandé si le protocole avait fait l’objet d’une expression de besoin. À cette question, Mme Sissoko a répondu que ces commandes étaient en cours de gestation depuis la Transition de 2012 et qu’elle n’avait fait que suivre les directives.

Dans une atmosphère tendue, l’ancienne ministre des Finances a fait preuve d’une grande sérénité, répondant avec précision aux nombreuses questions posées par la Cour et le parquet. Au-delà des accusations, elle a tenu à rappeler que son unique motivation était de soutenir les Forces armées maliennes dans une période d’extrême urgence. Le procès se poursuit avec une attention particulière sur la gestion des fonds publics dans ce dossier hautement sensible.

Ibrahim K DJITTEYE

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