Depuis plus de sept ans, un phénomène singulier attire l’attention des observateurs du système éducatif malien : les premiers au niveau national au Diplôme d’Études Fondamentales (DEF) et au Baccalauréat (BAC) proviennent systématiquement des écoles privées. De plus, au BAC, le premier national vient invariablement de la série scientifique SE (Science Exacte), soulevant des questions sur la dynamique éducative au Mali.
Une supériorité des écoles privées ?
Les écoles privées se distinguent année après année, au point où elles semblent dominer les palmarès des examens nationaux. Ce constat, largement documenté, soulève plusieurs interrogations. Les facteurs qui contribuent à cette tendance sont divers, mais il est clair que les établissements privés disposent souvent de ressources pédagogiques plus conséquentes, un corps enseignant mieux former et une attention plus soutenue aux besoins individuels des élèves.
2Ces écoles ont également la possibilité de maintenir des classes moins surchargées, ce qui favorise un environnement d’apprentissage plus personnalisé. En revanche, les établissements publics, souvent sous-financés et confrontés à des défis logistiques majeurs, peinent à rivaliser en termes de qualité d’enseignement. Il n’est donc pas surprenant que les élèves des écoles privées se retrouvent en tête des classements nationaux.
La série scientifique (SE) en pleine ascension
Un autre point marquant est la prééminence des élèves de la série scientifique SE parmi les lauréats du BAC. Depuis plusieurs années, le premier national au BAC est issu de cette filière, mettant en lumière un engouement croissant pour les disciplines scientifiques.
Cet intérêt peut être interprété comme une prise de conscience de l’importance des sciences exactes dans un monde de plus en plus dominé par la technologie et l’innovation. Au Mali, les parents et les élèves perçoivent la série scientifique comme un tremplin vers des carrières prometteuses, tant au niveau national qu’international. Cette perception est renforcée par les perspectives d’emplois plus diversifiées et mieux rémunérées offertes aux diplômés des filières scientifiques.
Les séries littéraires en retrait
À l’inverse, les séries littéraires semblent progressivement perdre du terrain. Alors que ces filières ont historiquement formé l’élite intellectuelle du pays, elles peinent aujourd’hui à attirer les meilleurs élèves. Ce recul peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment la perception des débouchés professionnels limités et moins lucratifs pour les diplômés de ces filières.
Cependant, il est essentiel de souligner que les séries littéraires conservent une importance cruciale dans la formation de penseurs critiques et de professionnels dans des domaines tels que le droit, les lettres, et les sciences humaines. Une réévaluation de l’approche pédagogique et une meilleure valorisation des débouchés de ces filières pourraient inverser cette tendance.
Le succès des écoles privées et des élèves de la série scientifique SE aux examens nationaux reflète une évolution des priorités et des perceptions au sein de la société malienne. Toutefois, cette situation met en lumière l2es disparités entre l’enseignement public et privé, ainsi que la nécessité de repenser la place des séries littéraires dans le système éducatif. Pour assurer un avenir équilibré et inclusif, il est impératif de promouvoir une éducation de qualité accessible à tous et de valoriser l’ensemble des filières d’enseignement, qu’elles soient scientifiques ou littéraires.
Ibrahim K. DJITTEYE
