Bismillah ar-rahman ar-rahim wa as-salatou wa as-salam ‘ala nabiyyina Muhammad wa ‘ala alihi wa sahbih
:Tout d’abord, je remercie votre respectable journal de m’avoir donné l’occasion d’expliquer au public malien que les Ahmadis marocains, comme tous les Ahmadis du monde, constituent un bon exemple pour tout citoyen. Je souhaite également répondre aux questions que se posent la presse marocaine en particulier et la presse arabe en général sur la communauté musulmane Ahmadiyya et ses modes de pensée.
Pour votre information, cet article est rédigé en mon nom, AbdelWahid Abu Yahya, et avec l’aide d’Idrissa Soulga, un Ahmadi burkinabé ingénieur en agroalimentaire. Nous résidons tous deux dans la capitale spirituelle du Royaume du Maroc, Fès, qui abrite la première université du monde, Al-Qaraouiyine. Nous sommes des serviteurs de la communauté musulmane Ahmadiyya au Maroc. Par conséquent, cet article exprime l’opinion de ses deux auteurs et ne parle pas nécessairement au nom de la communauté.Les journalistes marocains se demandent si nous nous considérons comme faisant partie des minorités religieuses au Maroc et comment les Ahmadis marocains peuvent avoir deux commandeurs des croyants (amir al-mu’minin) simultanément.
Une minorité religieuse est un groupe de personnes qui adhère à une idéologie contraire au consensus national. Comment pouvons-nous être vus comme une nouvelle religion alors que nous n’avons pas d’autre livre sacré que le Saint Coran et pas d’autre messager à suivre que Muhammad (sallallahu ‘alayhi wa sallam) ? Nous suivons sa Sunna et les hadiths rapportés dans les Sahih de Boukhari et de Muslim, ainsi que les récits de l’imam Ahmad ibn Hanbal et d’autres narrateurs pieux, pourvu qu’ils soient conformes au Coran sans contradictions.Les Ahmadis prennent en compte les opinions des quatre imams (hanafi, maliki, shafi’i et hanbali) ; bien que nous nous référions davantage à l’imam hanafi, cela ne nous empêche pas, en tant qu’Ahmadis marocains ou maliens, de nous marier, de divorcer ou d’adhérer à la méthode de l’imam Malik comme les autorités de notre pays l’ont préconisé pour les deux peuples. Sachant que le fondateur de la communauté Ahmadiyya affirme que ces quatre imams sont les piliers de l’islam et des références fiables, et que l’imam Malik considère que le prophète Issa ibn Maryam est mort conformément au Coran.
La principale différence entre les Ahmadis et les autres musulmans est notre conviction que la prophétie du Saint Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) concernant la venue d’un messager à la fin des temps s’est déjà accomplie. Ce messager, qui devait réunir les qualités du Messie et de l’Imam Mahdi, est apparu selon nous en la personne du fondateur de la communauté islamique Ahmadiyya. Nous croyons également qu’il reçoit la révélation divine (wahy), comme annoncé dans le hadith de Sahih Muslim : le Prophète a expliqué qu’il existera des forces nommées Yajuj wa Majuj, que les musulmans ne seront pas appelés à les combattre, et il a décrit (sallallahu alayhi wa sallam) la venue de Jésus fils de Marie comme un « juge équitable » (hakam adl) — (Sahih Muslim, Kitab al-Fitan, ). Ces textes confirment que cette croyance repose sur les sources mêmes de l’islam.
Le Saint Coran contient un verset affirmant que Maryam (mère de Jésus) était la sœur d’Aaron, bien qu’elle ne le fût pas en réalité, puisqu’elle vivait douze siècles après le prophète Moïse. Cependant, les anciens commentateurs du Coran pensaient que cela signifiait que Maryam était comparable à la sœur d’Aaron en termes de pureté, et lui ont donc donné ce titre par métaphore. Saviez-vous que Siraj al-Din Abu Hafs suivait l’école sunnite hanafite, et qu’Omar ibn al-Wardi suivait l’école sunnite shafi’ite ? Il y a sept siècles, ils ont écrit en Égypte un livre (que Dieu leur accorde sa miséricorde) transmettant les points de vue de leurs pieux prédécesseurs (salaf salih), où ils rapportent cette opinion ancienne selon la référence: « Un groupe a dit : La descente de Jésus est l’émergence d’un homme ressemblant à Jésus en vertu et en honneur, tout comme un homme bon est appelé « roi » ou un homme mauvais « diable ». » (Titre du livre : Kharidat al-Aja’ib wa Faridat al-Ghara’ib, Volume 1, Page 442).Les Ahmadis prennent en considération les idées des salaf salih (les savants de la Ummah).
Nous avons une très grande considération à leur égard bien que certains de nos avis et interprétations diffèrent, ce qui est normal. Par exemple, malgré nos quelques désaccords ponctuels avec le grand savant Mohammed Abdel Wahhab, le Messie Promis, Mirza Ghulam Ahmad, le respectait et l’a défendu dans certaines situations. Dans son livre Mawaib ar-Rahman, le Messie Promis conseillait en effet de toujours bien parler des savants, d’avoir une bonne intention envers eux et de les respecter.Si nous avions un autre Coran, une autre source que la Sunna, ou si nous manquions de respect aux compagnons et aux épouses du Prophète (sallallahu alayhi wa sallam), alors on pourrait dire que l’Ahmadiyya est une voie totalement différente de celle des musulmans sunnites. Mais ce n’est absolument pas le cas. Nous respectons profondément les compagnons, nous suivons le même Coran, et nous ne nous basons sur aucun hadith étranger à la tradition islamique authentique.
Le hadith rapporté par l’imam Ahmad ibn Hanbal (n°22396) et mentionné dans Sunan an-Nasa’i (n°3175) dit que deux groupes de la communauté seront protégés de l’Enfer : ceux qui envahiront l’Inde et ceux qui seront aux côtés de Jésus. Or, cette protection divine est généralement liée à la foi en l’invisible (al-ghayb). Si, au moment de la descente de Jésus, tout le monde peut le voir grâce aux caméras et satellites le voyant tuer un Dajjal imaginaire borgne où est alors le mérite de croire ? Pourtant, Dieu juge selon l’intention, la sincérité et les actes, non simplement sur des faits visibles. Les Ahmadis insistent sur ce point : seul Dieu décide qui entre au Paradis ou en Enfer, selon la compréhension, l’humilité et le cœur de chacun.
Le Messie Promis a toujours enseigné que les musulmans doivent obéir à leur autorité politique légitime, qu’il s’agisse d’un roi ou d’un président. C’est là une position conforme au véritable esprit de l’islam. Autrefois, certains accusaient l’Ahmadiyya d’avoir une vision étrange du jihad ou de l’obéissance à l’autorité. Mais après les tragédies causées par le terrorisme, Daech, le Printemps arabe et d’autres groupes extrémistes, de nombreux musulmans arabes comme non-arabes appellent aujourd’hui à une réforme du discours religieux. Or, c’est précisément ce que le Messie Promis est venu accomplir : rétablir l’islam dans sa pureté, en dépoussiérant les idées déformées accumulées avec le temps. Et si certains trouvent la communauté Ahmadiyya « étrange », rappelons que le Prophète Muhammad (saws) a dit dans Sahih Muslim : « L’islam a commencé comme quelque chose d’étrange, et il redeviendra étrange comme il a commencé. »Selon l’imam Ahmad ibn Hanbal, d’après Abdullah ibn Amr, le Messager Muhammad (SAWS) a dit : « Ce que Dieu aime le plus, ce sont les étrangers (ghuraba). » On lui demanda : « Qui sont les étrangers ? » Il répondit : « Ceux qui fuient pour leur religion ; Dieu Tout-Puissant les ressuscitera le Jour de la Résurrection avec Jésus, fils de Marie (‘alayhi salam). » Pour votre information, ce hadith d’Abdullah ibn ‘Umar a été mentionné avec une formulation différente dans le livre de l’Histoire de Bukhari preuve que l’affaire n’est pas fortuite.
La communauté musulmane Ahmadiyya dépense son argent en Afrique pour construire des hôpitaux et des puits et venir en aide aux personnes en difficulté. Elle consent également des sacrifices, par exemple en France, pour donner une bonne image de l’islam et neutraliser les effets de l’islamophobie. Ainsi, lors du dernier mois de Ramadan 2025, la communauté a organisé deux repas d’iftar dans ses mosquées en France, l’une près de Strasbourg et l’autre au nord de Paris. 248 personnalités françaises influentes ont assisté au banquet, suivi de séminaires sur la tolérance de l’islam, son engagement sociétal, les objectifs du message du Prophète Muhammad (SAWS) et la signification du jeûne. Un diplomate représentant l’ambassadeur et le conseiller aux affaires religieuses du ministère européen des Affaires étrangères était présent, ainsi que douze maires de la région de Strasbourg, leurs adjoints, des conseillers municipaux et des prêtres. Tous sont repartis avec une image positive de la tolérance islamique.Pour prouver que les prophéties du Prophète Muhammad se sont réalisées, citons un hadith fort rapporté par l’imam Ahmad ibn Hanbal : le Prophète annonça qu’après lui viendrait un califat (khilafat) selon la voie prophétique comme Abou Bakr, Omar et Othman puis un pouvoir autoritaire (mulk âad), non spirituel, suivi d’une monarchie imposée (mulk jabri), avant le retour définitif du califat prophétique. Contrairement à l’idée reçue, la fin réelle du califat ottoman n’est pas 1924 mais 1908. Cette année-là, deux événements majeurs eurent lieu : l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine et de la Hongrie vis-à-vis de l’Empire, et la révolution des Jeunes Turcs, qui réduisit le calife à un rôle symbolique. L’Empire devint une monarchie parlementaire avec une divergence de partie politique où la religion perdit son autorité . Or, en 1908 également, le califat Ahmadiyya fut établi par le premier calife, Nur ad-Din al-Qarshi (d’origine quraychite), marquant le retour du califat prophétique annoncé par Muhammad (SAWS) sous révélation divine.Pour nous, l’Ahmadiyya représente la véritable Ahl as-Sunnah wa-l-Jama‘ah. À noter que le cheikh Mohammed al-Hassan Weld al-Doudou qu’Allah le préserve éminent savant sunnite mauritanien, l’a reconnu dans une vidéo en affirmant que les musulmans d’aujourd’hui sont considérés comme sunnites (ahl sunnah) mais ne forment pas une véritable Jama‘ah (communauté unie), faute d’un calife reconnu.
En revanche, l’Ahmadiyya est la seule communauté dotée d’un califat uni et ininterrompu depuis 117 ans.En effet, les musulmans Ahmadis marocains reconnaissent deux amir al-mu’minin sans contradiction : – Sa Majesté le Roi Mohammed VI (qu’Allah le glorifie), comme souverain politique et autorité religieuse nationale. – Le calife Ahmadiyya (qu’Allah l’assiste), comme guide spirituel mondial. Le calife dirige uniquement les affaires internes de la communauté : orientations religieuses, nominations de responsables, conseils aux fidèles et aux dirigeants mondiaux sans ingérence politique. Concernant Sa Majesté le Roi, les Ahmadis marocains respectent pleinement son autorité politique, religieuse et institutionnelle. Par exemple : – Ils suivent strictement les décisions du ministère des Affaires islamiques pour le début des mois hijri (Ramadan, Aïd). – Ils paient la zakat al-fitr fixée à 23 dirhams. – En 2025, ils ont respecté la directive royale de ne pas égorger de moutons à l’Aïd, y voyant une mesure sanitaire, économique et écologique. L’islam accorde des facilités dans les obligations, comme le tayammum en l’absence d’eau. Le Prophète Muhammad (SAWS) n’accomplit le Hajj qu’une fois, quand les conditions le permirent. Ainsi, si sa majesté le Roi accomplit le sacrifice au nom de tous les musulmans du royaume, les Ahmadis l’acceptent comme conforme à l’islam.
Même si les Ahmadis ne prient pas derrière un imam non-ahmadi comme le recommande le Prophète (SAWS) dans Sahih Muslim, Bukhari et Ahmad ibn Hanbal cela ne signifie pas que nous déclarons mécréants (kuffar) tous les musulmans non-ahmadis. Un hadith authentique (Sahih Muslim) avertit : « Quiconque traite son frère de mécréant alors qu’il ne l’est pas, le qualificatif se retourne contre lui. » Preuve de notre refus de l’exclusion : le fondateur de l’Ahmadiyya a émis une fatwa autorisant les Ahmadis à accomplir la prière funéraire (janaza) pour tout musulman non-ahmadi ne déclarant pas les Ahmadis mécréants. Mirza Ghulam Ahmad (as) déclara : « Je ne déclare pas mécréant quiconque prononce la Shahada, à moins qu’il ne me déclare mécréant. » (Tiryak al-Qulub, p. 133). Nous ne considérons pas la prière des autres musulmans comme vaine. Les lecteurs peuvent consulter les pages 156–157 du livre Fikh al-Masih (version arabe) : le Messie Promis (as) a écrit au gouvernement indien pour négocier un congé du vendredi ou au moins deux heures pour tous les employés musulmans indiens , ce qui est réfèrencé en 1903 (journal Al-Hakam) . Cette démarche inclusive prouve que l’Ahmadiyya n’est pas un groupe takfiri, comme le croient ses opposants. L’acceptation des prières et la guidance dépendent de Dieu seul.
Entre 2016 et 2017, sous l’ancien gouvernement algérien, les Ahmadis furent persécutés sous prétexte qu’ils prônaient la paix parce qu’ils étaient minoritaires, mais que s’ils devenaient nombreux, ils représenteraient une menace sécuritaire. Ce raisonnement rappelle celui jadis opposé à l’islam : les musulmans étaient accusés d’appeler à la paix à La Mecque par faiblesse numérique, puis de devenir violents à Médine. Cette accusation est fausse. L’islam authentique, comme l’Ahmadiyya, repose sur la liberté de croyance (la ikraha fi ad-din) et rejette toute contrainte religieuse. Le Messie Promis est venu selon les hadiths authentiques pour mettre fin aux guerres religieuses. L’Ahmadiyya n’a donc aucune base pour imposer une domination politique ni la jizyah. Si les Ahmadis persécutaient ou prenaient le pouvoir par la force, ils trahiraient leur foi. L’Ahmadiyya est un mouvement spirituel, non politique. Les Ahmadis algériens n’ont jamais tenté de semer la discorde (zizanie), conscients que cela nuirait à la Jama’at dans les 200 pays où elle est présente. Aucune preuve n’a jamais établi qu’ils représentent un danger. Preuve : malgré les persécutions, lorsque des internautes arabes critiquent le gouvernement algérien, les Ahmadis algériens le défendent. Cette loyauté rappelle celle des Ahmadis pakistanais en 1984, quand le quatrième calife, Tahir Ahmad, leur ordonna d’obéir au président Zia-ul-Haq dans les aspects administratifs et politiques malgré ses injustices contre les ahmadis. Depuis 2021, la situation s’est améliorée en Algérie : aucun Ahmadi n’est emprisonné aujourd’hui par la grâce du Dieu et la communauté cherche simplement une autorisation légale d’exister en tant qu’association à but non lucratif. Pour éclairer nos lecteurs, prenons deux exemples de légalisation de l’Ahmadiyya au Moyen-Orient : – Égypte : Statut d’association en 2014, permettant des réunions légales dans leurs centres. – Turquie : Licence d’association à but non lucratif obtenue en 1995, avec droit à une réunion annuelle publique et participation à des expositions pour distribuer leurs livres. Au Maroc, par respect pour la loi, nous aspirons à un modèle intermédiaire : une licence pour nous réunir en association et tenir une réunion annuelle discrète (à l’abri des regards) dans un lieu public. Nous ne réclamons pas la distribution de livres dans les bibliothèques publiques pour respecter la loi du pays. La Jalsa Salana (réunion annuelle) est un événement international reconnu en janvier 2025, le président ghanéen , son excellence John Dramani Mahama a inauguré celle du Ghana.Il y a plus de 130 ans, une lettre du Messie Promis à la reine Victoria de la grande bretagne influença sa vision. Il y expliquait qu’en tant qu’homme religieux, il recherchait « des positions au Paradis, bien meilleures que celles de ce monde mortel », et l’assura que les musulmans ne combattraient pas l’Occident pour le dominer par la force. Touchée, la reine reconnut la présence musulmane en Angleterre et ouvrit la voie à une plus grande tolérance religieuse au sein de la famille royale. Cela favorisa l’acceptation de l’islam en Europe, permettant la construction de milliers de mosquées là où elles étaient quasi inexistantes.Saviez-vous que l’Inquisition est restée en place en France jusqu’à son abolition par la Révolution française en 1789 ? Elle a ensuite été abolie en Espagne par Joseph Bonaparte en 1808, mais elle a été rétablie après la libération de l’Espagne de l’occupation française et est restée en place jusqu’en 1834, date à laquelle elle a finalement été abolie. Alors qu’un an plus tard, le fondateur de l’Ahmadiyya naquit en 1835. C’est exactement comme le Prophète Muhammad (SAWS) l’avait anticipé : après sa naissance, la menace qui pouvait nuire à la liberté des musulmans en Europe a été neutralisée. Ainsi, le soleil de l’islam a pu apparaître en Occident librement, sans obligation de mener des guerres religieuses.
Une preuve claire de l’intégration des Ahmadis dans des postes sensibles est le parcours d’Ibrahim Mohamed Samah, policier ahmadi en Sierra Leone. Commandant d’unité et officier des opérations à Waterloo, il a été menacé lors de la tentative de coup d’État de 2023. Conseillé de se mettre à l’écart pour sa sécurité, il a reçu le soutien et les prières du Calife des Ahmadis, Hazrat Mirza Masroor Ahmad (qu’Allah le protège), qui l’a encouragé à poursuivre son devoir sans peur. Après avoir contribué à faire échouer le putsch, il a été promu commissaire et responsable des armements de la police nationale.
Le président sierra-léonais, M. Julius Maada Bio ,son Excellence assiste régulièrement aux réunions annuelles de la communauté ahmadie. Lors de la session annuelle de 2024, il a salué l’exemple donné par les Ahmadis et affirmé qu’il recommanderait leur communauté à tout Sierra-Léonais souhaitant embrasser l’islam.Sachant que nous, les Ahmadis musulmans marocains, louons l’œuvre de l’État de notre pays contre les extrémistes qui alimentent l’islamophobie dans les pays non musulmans.Un jour, un journaliste m’a demandé : « Comment envisagez-vous l’avenir de l’Ahmadiyya au Maroc ? Espérez-vous une amélioration de votre liberté d’expression dans le futur ? »
En vérité, toute projection dans l’avenir reste conjecturale, car seul Dieu connaît l’invisible avec précision. Avant de parler de futur, revenons brièvement au passé. Dans les années 50, le deuxième calife de la communauté Ahmadiyya, Mirza Bashir-ud-Din Mahmud Ahmad, encourageait les politiciens ahmadis à soutenir les luttes pour l’indépendance des pays maghrébins. Un épisode marquant illustre cet engagement : en 1952, le ministre des Affaires étrangères pakistanais ahmadi, Muhammad Zafrullah Khan, a accordé la nationalité pakistanaise à Ahmed Balafrej (rahimahou Allah), alors envoyé du Roi Sa Majesté Mohammed V auprès des Nations Unies. Balafrej ne possédait qu’un passeport français, ce qui l’empêchait initialement de prendre la parole devant l’ONU pour défendre l’indépendance du Maroc aux États-Unis. Cette initiative, bien que modeste, a contribué à porter la voix du Royaume devant la communauté internationale.
Par la suite, Zafrullah Khan fut attaqué par certains religieux extrémistes au Pakistan qui, en 1953, exigèrent son éviction du gouvernement, sous prétexte qu’il n’était pas musulman à leurs yeux. Cela alors même qu’il était ministre depuis 1947 sans que cela ne leur pose problème auparavant. Cette opposition survint après qu’il eut pris position contre le plan de partition de la Palestine et en faveur de plusieurs pays arabes. Il quitta son poste en 1954, malgré le respect et le soutien qu’il reçut du gouvernement pakistanais ; mais fut ensuite reçu avec honneur dans plusieurs pays arabes, dont le Maroc, où sa majesté le Roi Hassan II (rahimahou Allah) l’accueillit au palais royal en 1962 et lui remit une haute médaille royale. Ainsi, de la même manière que l’Ahmadiyya a eu un rôle honorable dans la lutte pour l’indépendance du Royaume, il est tout à fait envisageable, si Dieu le veut, que sa présence puisse à l’avenir s’exprimer plus librement, en accord avec les autorités et au rythme de l’évolution des mentalités. Rappelons que les musulmans en Occident jouissent aujourd’hui d’une liberté religieuse autrefois inimaginable.
Ce changement est venu avec la transformation des mentalités et la promotion de la diversité. De même, au Maroc, la réforme des manuels scolaires, qui insistent sur le caractère pacifique et tolérant de l’islam, a favorisé l’ouverture d’esprit et a marginalisé les courants extrémistes. Ce climat d’ouverture, nourri par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu le protège, qui s’est proclamé « Commandeur de tous les croyants, quelle que soit leur foi », permet d’espérer une évolution positive. Sa Majesté a notamment accueilli le Pape François et orchestré une rencontre historique entre les trois religions monothéistes, incarnant ainsi l’esprit de tolérance propre au Royaume.
Pour conclure, rappelons cette citation du quatrième calife des Ahmadis, Mirza Tahir Ahmad (rahimahou Allah), dans son sermon du 1er février 1985, réfutant l’idée que les Ahmadis seraient des agents coloniaux : « Nous, les musulmans ahmadis, sommes une communauté faible, sans pouvoir ni ambition politique. Il ne nous appartient pas de prendre part à des conflits politiques ni de mener des mouvements contre le gouvernement, car cela ne fait ni partie de notre nature, ni de notre enseignement. »
Comme dernier message, certains groupes rebelles au Mali, au Burkina Faso et au Niger, sous prétexte de jihad, sont en réalité manipulés par des forces extérieures anonymes cherchant à exploiter les richesses naturelles de ces pays. Leur objectif n’est pas religieux, mais purement stratégique : affaiblir l’unité des États sahéliens en les divisant. Pourtant, l’Histoire montre que les grandes nations se sont renforcées par l’unité, pas par la fragmentation.
L’exemple de l’Allemagne réunifiée ou celui des États-Unis d’Amérique illustre bien que la puissance naît de l’union. Même le Coran exhorte à rester unis, « accrochés à la corde de Dieu, sans se diviser ». Autre exemple frappant : la Grande-Bretagne. Elle a su dominer le monde pendant deux siècles non pas par des révoltes internes, mais grâce à une révolution intellectuelle et scientifique. Son peuple s’est tourné vers le savoir, non contre son propre gouvernement, ce qui en a fait une puissance globale. À l’inverse, le Soudan, après sa division, s’est enfoncé dans une guerre civile. C’est précisément ce que recherchent certaines puissances : des États affaiblis, faciles à exploiter.