Accueil » Avènement du 26 mars 1991 pour que nul n’oublie.

Avènement du 26 mars 1991 pour que nul n’oublie.

Par Salif SYLLA
0 commentaire

Avènement du 26 mars 1991Pour que nul n’oublie: L’assaut final de la grande marche du Peuple malien pour la DémocratieDepuis la sortie de la Conférence de la Baule en 1990 qui a souhaité l’ouverture politique pour amorcer la démocratie, nos peuples dans leur majorité se sont mis dans le processus de démocratisation avec comme corollaire l’Etat de Droit, les libertés, le multipartisme. Au Mali, en août 1990, une lettre ouverte a été adressée au Général Moussa Traoré pour signifier la soif du peuple pour aller à cette démocratie qui était un luxe sous son règne pendant les 23 ans. La marche pour la démocratie n’a pas commencé en 1990 mais elle a atteint son paroxysme à cette date. Il convient de signaler que pour libérer la parole, la coopérative culturelle Jamana a été créée en 1989 par le Professeur Alpha Oumar Konaré avec plusieurs outils de communication dont « Les Echos » 1er journal privé dont il fut le créateur de bout en bout en compagnie d’autres camarades.Les organisations politiques érigées en association ont pris corps, le CNID, l’ADEMA et le mouvement estudiantin l’AEEM, le 27 octobre. D’autres associations celle des droits de l’homme comme l’AMDH dirigée par Maitre Demba DIALLO (ça goloba), des Demandeurs d’emplois comme l’ADIDE et des organisations des jeunes telles AJDP, la JLD se sont engagés au côté des forces vives contre la dictature de Moussa Traoré afin de libérer le peuple malien. Si ces associations créées ont vécu pendant un moment dans la clandestinité, il faut noter que la conviction qui animait ses leaders à l’époque a permis de tenir et de se dresser comme un seul homme face à la tyrannie. Il fallait que la démocratie prévale, vaille que vaille, quoique cela puisse coûter. La force de leur détermination se sentait dans toutes les actions entreprises qui convergeaient vers un seul objectif.En fin novembre 1990, élèves à l’époque nous avons assisté à l’arrivée d’une femme toubab du nom de Daniel Mitterrand à Bamako et qui a offert à chaque élève malien un cahier sur lequel figurait une mangue murissant et un Bic sur lequel on pouvait lire « France Libertés ».En Décembre les comités AEEM, ont été installés dans toutes les écoles et se sont posés en rival au Comité de l’UNJM, organisation de jeune au service du parti UDPM du Général Moussa Traoré. Le dernier trimestre de l’année 1990 a été un sale temps pour le régime Moussa Traoré et son parti unique avec ses bras armés telles UNJM pour les jeunes et l’UNFM pour les femmes.Les marches demandant l’ouverture et très hostile au régime sont organisées par le CNID, l’Adéma. La toute célèbre marche unitaire Adéma-CNID a eu lieu. Les manifestants sont matés et le peuple n’abandonne pas son combat. A la présentation des vœux de décembre 1990, l’ouverture a été solennellement demandée au tout puissant, des voix très célèbres comme celles de Monseigneur Luc Sangaré sont d’un haut intérêt à ce sujet. Dans les réponses, on sentait la réticence nette du Général à accéder à cette requête dont l’un des passages phares a été, je cite : « j’attacherai l’enfer à la tête celui qui fera la grève… »Début de l’année 1991 a été fatidique. Les 8 et 9 janvier, la grève des commerçants détaillants bouchers, boulangers et autres. Les 21 et 22 janvier les émeutes de Dabanani ont mal tourné, deux véhicules des forces de l’ordre ont été brûlés par les commerçants au Dabanani. Au début de février, l’AEEM, pour l’amélioration des conditions d’études des élèves et étudiants avec une plateforme de revendications, démarre ses grèves à travers les fameuses AG, Moussa Traoré ferme les écoles au nom d’une prétendue accalmie. Elle est rouverte 3 semaines plus tard. La tension monte d’un cran, l’AEEM revient à la charge et les politiques multiplient les marches avec comme point de ralliement fétiche la place de la liberté (devant la Mairie de Bamako). Un réaménagement ministériel intervient dans l’attelage gouvernemental Sekou Ly quitte le département de l’éducation au profit de Bakary Traoré précédemment ministre des Sports, des Arts et de la Culture. A la question de l’ouverture politique et du multipartisme, le dictateur Moussa Traoré offre oppose son refus, persiste et signe que la demande sera examinée au congrès de l’UDPM prévu pour les 27, 28 et 29 mars 1991. L’AEEM poursuit ses actions et le vendredi 22 mars, Bamako est en ébullition, les manifestants sont tirés à balle réelle. Le peuple commence à compter les premiers morts. Les manifestants en grande partie constitués de scolaires érigent des barricades partout à Bamako et dans les capitales régionales. Le carnage se poursuit à Bamako à l’IMACY, à l’ADC à l’immeuble Sahel vert où certains manifestants ont été brûlés vifs. Les femmes sortent pour soutenir leurs enfants. Les esprits se surchauffent, elles décident de monter à Koulouba pour évincer le dictateur, au pied de la colline, l’armée tire sur les manifestantes. Les immeubles publics et para publics sont à feu et bien saccagés. Le journal « Les Echos » est publié avec un titre fétiche L’Horreur. Le journal Les Echos accable le régime qui était finalement traumatisé. La dictature entre dans son antre des grands jours à travers une chasse à l’homme. Cette anecdote est d’un haut intérêt à ce sujet, le régime Moussa Traoré par le truchement d’un frère de la 1ère dame Mariam Sissoko avait porté plainte devant les tribunaux contre le patron des Echos Alpha Oumar Konaré et le procès devait avoir lieu le Mardi 26 mars 1991. Ironie du sort, le régime sanguinaire du général Moussa Traoré est renversé le même jour. La répression se poursuit. Devant la gravité de la situation les associations et organisations démocratiques se regroupent en coordination et siège à la bourse du travail. L’UNTM rejoint le groupe. Comme pour dire que ce sont les petits ruisseaux qui font le grand fleuve. Le pouvoir en décadence est partagé entre hésitation et improvisation. Le meeting de la coordination du mouvement démocratique à la bourse du travail donne l’assaut final. Le tout puissant Secrétaire Général de la Centrale syndicale UNTM, M. Bakary Karembé a au cours de ce meeting déclaré que « l’UNTM décrète une grève illimitée jusqu’à la démission du Général Moussa Traoré du pouvoir » tonnerre d’applaudissements des manifestants et Me Demba Diallo scandait : « An tèh koro lé fè foh koura »La nuit du lundi 25 au mardi 26 mars un groupe de militaires regroupé dans le Conseil de Réconciliation Nationale CRN dirigé par le Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Touré renverse le régime du Général Moussa Traoré. La liesse populaire est à son comble le mardi 26 mars 1991 à la bourse du travail quand les militaires du CRN rejoignent la coordination du mouvement démocratique à la bourse du travail. Ainsi, s’ouvre une nouvelle ère au Mali celle du processus de démocratisation. Cette contribution n’est pas un chef d’œuvre, c’est une œuvre humaine soumise à notre lecture et laisse une grande place à l’amélioration. Hommage aux martyrs de mars 1991 !

You may also like

laissez un commentaire

Our Company

Lorem ipsum dolor sit amet, consect etur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis.

Newsletter

Laest News

Mali Ondes & Medias @ 2023

Vous voulez apparaître dans notre espace pub ?  Voir les statistiques