Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Cesa) annonce dans un rapport publié en début d’année sur son site que la violence islamiste en Afrique a atteint un niveau alarmant en 2023. Le nombre de décès liés à cette violence a franchi un seuil record de plus de 23 000, représentant une augmentation de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette recrudescence de la violence est principalement concentrée au Sahel et en Somalie, où plus de 80 % des victimes ont été enregistrées.
L’augmentation globale des décès dus à la violence des islamistes militants a grimpé de 20 % en 2023, passant de 19 412 en 2022 à 23 322. Ce chiffre marque un doublement des pertes humaines depuis 2021.
La concentration géographique de cette violence est notable, avec le Sahel et la Somalie concentrant la majorité des pertes, avec des augmentations respectives de 43 % et 23 %. En contraste, l’Afrique du Nord et le Mozambique ont connu des baisses drastiques de la violence, de 98 % et 71 % respectivement.
Malgré une hausse des décès, le nombre total d’événements violents attribuables aux islamistes militants a diminué de 5 % en Afrique cette année, marquant le premier déclin depuis 2016.
Au Sahel, la situation est particulièrement alarmante avec 11 643 décès dus à la violence islamiste, un chiffre en triple augmentation depuis 2020. Les groupes comme Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM) et l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) sont principalement responsables de cette hausse. Le Burkina Faso est le pays le plus touché, représentant 67 % des décès dans la région.
En Somalie, 7 643 morts ont été enregistrés, une hausse de 22 % par rapport à 2022, avec Al Shabaab comme principal acteur. Le conflit persistant et les catastrophes naturelles exacerbent la crise humanitaire.
Dans le Bassin du Lac Tchad, les décès sont restés constants à 3 769. Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWA) dominent les violences.
Une réduction significative de la violence, de 71 %, a été observée dans le nord du Mozambique, grâce aux opérations militaires réussies contre les groupes extrémistes. Cependant, 850 000 déplacés internes restent en attente de réintégration.
En Afrique du Nord, la région a connu une diminution spectaculaire de 98 % dans la violence islamiste, avec seulement sept décès signalés en 2023. Ce déclin est attribué à une réduction des activités extrémistes au Sinaï et à des opérations efficaces contre les groupes militants.
Au Mali, on constate depuis un moment la montée en puissance des Forces Armées maliennes, qui jouent un rôle de plus en plus crucial dans la lutte contre les groupes islamistes militants. Les efforts de sécurisation, malgré les défis persistants, reflètent une tentative de stabilisation régionale et de rétablissement de l’ordre face à une menace croissante.
Les chiffres de 2023 illustrent un panorama complexe de la violence islamiste en Afrique, où certaines régions voient une aggravation dramatique des conflits, tandis que d’autres connaissent une amélioration significative. Les efforts internationaux et régionaux pour contrer cette menace doivent être continuellement ajustés pour répondre aux dynamiques évolutives des groupes militants à travers le continent.
Ibrahim K. DJITTEYE
