Le mercredi 7 mai 2025, les autorités de transition du Mali ont annoncé, par décret, la suspension jusqu’à nouvel ordre de toutes les activités des partis politiques ainsi que celles des associations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision a été officialisée à travers le décret n°2025-0318/PT-RM signé par le président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, et lu sur les antennes de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM).
Le texte évoque des « raisons d’ordre public » pour justifier cette mesure. Elle intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des tensions politiques. Quelques jours avant la publication du décret, plusieurs organisations et acteurs politiques avaient tenté d’organiser des manifestations dans la capitale pour protester contre les conclusions du Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation, notamment celles recommandant la dissolution des partis politiques, la suppression du financement public et du statut de chef de file de l’opposition, ainsi que la proposition de confier au président actuel un mandat renouvelable de cinq ans.
Ces mouvements ont été étroitement encadrés par les forces de sécurité, et certaines mobilisations ont été empêchées. Toutefois, cela n’a pas empêché des centaines de manifestants de descendre dans les rues pour réclamer un retour à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’élections inclusives et transparentes. Une autre manifestation de l’opposition est d’ailleurs annoncée pour le 9 mai, malgré la mesure de suspension.
Le décret précise que la suspension s’applique aussi bien aux partis politiques qu’aux associations et toutes autres structures se réclamant d’un caractère politique. Il a été contresigné par plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre de la Défense et des anciens Combattants, le ministre de la Justice, ainsi que le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Processus électoral.
Depuis le lancement de la Transition, les autorités ont entrepris plusieurs réformes institutionnelles et politiques, avec pour objectif déclaré de refonder l’État. Mais cette nouvelle mesure soulève des inquiétudes au sein de la société quant à la préservation des acquis démocratiques et des libertés fondamentales. Le décret sera publié au Journal officiel dans les prochains jours.
Ibrahim Kalifa Djitteye