Le football malien, en particulier l’équipe nationale, les Aigles du Mali, suscite régulièrement des débats passionnés. L’une des questions récurrentes est de savoir si les difficultés rencontrées par l’équipe sont essentiellement dues aux entraîneurs qui se sont succédé ou à une ingérence excessive de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT). Nombreux sont ceux qui estiment que la FEMAFOOT, plutôt que de laisser les entraîneurs travailler en toute autonomie, intervient de manière inappropriée, en particulier dans le choix des joueurs et leur alignement sur le terrain.
Depuis l’indépendance du Mali en 1960, pas moins de 26 entraîneurs, tant nationaux qu’internationaux, ont dirigé l’équipe nationale. Parmi ces techniciens, certains noms ressortent : Karl-Heinz Weigang, György Tóth, Christian Dalger, Henri Kasperczak, Alain Giresse, et plus récemment, Éric Sékou Chelle. Malgré la diversité des profils, allant de techniciens expérimentés à des entraîneurs locaux prometteurs, les résultats ont été mitigés.
Karl-Heinz Weigang reste, à ce jour, le seul à avoir conduit les Aigles à une finale de Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en 1972, une performance mémorable mais qui n’a malheureusement pas été rééditée. Les Aigles ont souvent atteint les demi-finales de cette prestigieuse compétition, terminant deux fois à la troisième place et trois fois à la quatrième, sans jamais réussir à s’imposer comme l’une des grandes puissances du football africain.
Face à ces résultats en demi-teinte, les critiques se sont souvent tournées vers la FEMAFOOT. Les entraîneurs qui ont dirigé les Aigles se sont régulièrement plaints d’une ingérence fédérale, notamment en ce qui concerne la sélection des joueurs. Certains témoignages d’entraîneurs révèlent des pressions exercées par la fédération pour aligner certains joueurs, une pratique qui compromet l’indépendance des techniciens et pourrait expliquer, en partie, le manque de résultats probants.
Il est évident que la succession rapide d’entraîneurs n’a pas non plus aidé à instaurer une stabilité au sein de l’équipe. Chacun des 26 techniciens a apporté sa vision et ses méthodes, mais aucun n’a eu suffisamment de temps pour mettre en place un véritable projet à long terme. À cela s’ajoutent les défis structurels du football malien, tels que l’insuffisance des infrastructures, le manque de financement adéquat, et la formation des jeunes talents, autant de facteurs qui pèsent sur les performances de l’équipe nationale.
Cependant, l’une des questions les plus cruciales reste celle de l’autonomie des entraîneurs. Le football moderne exige une clarté dans la répartition des rôles, avec une fédération qui soutient et un entraîneur qui décide. Lorsque cette ligne est brouillée, les résultats sur le terrain en souffrent. Les Aigles du Mali possèdent indéniablement du talent, mais ce talent doit être correctement encadré, avec une fédération qui laisse les techniciens travailler en toute indépendance.
En conclusion, la situation de l’équipe nationale du Mali ne peut pas être attribuée uniquement aux compétences des entraîneurs ou aux décisions de la FEMAFOOT. Il s’agit d’un problème complexe où l’ingérence administrative, la rotation fréquente des techniciens, et les défis structurels se combinent pour freiner les performances de l’équipe. Pour que les Aigles puissent enfin s’envoler vers des sommets plus élevés, il est crucial de repenser cette dynamique et de permettre aux entraîneurs de faire leur travail en toute indépendance.
Ibrahim K. DJITTEYE