Le Conseil national de transition (CNT) en Guinée a récemment publié en ligne un projet de Constitution qui pourrait marquer une étape décisive vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays, bouleversé depuis le coup d’État de 2021. Ce projet, qui sera soumis à un vote avant la fin de l’année, introduit des réformes significatives, notamment l’instauration d’un système législatif bicaméral composé d’une Assemblée nationale et d’un Sénat.
Le projet de Constitution réaffirme certaines mesures progressistes déjà présentes dans la Constitution de 2020. Parmi ces mesures, on trouve l’interdiction de la peine de mort et des mutilations génitales féminines, deux avancées majeures pour les droits de l’homme en Guinée. Le texte consacre également le droit pour toute personne arrêtée d’être informée des motifs de son arrestation, renforçant ainsi les garanties judiciaires et les droits des citoyens face aux abus potentiels.
L’une des dispositions les plus attendues de ce projet est la limitation stricte des mandats présidentiels. Le texte propose que le président de la République ne puisse exercer plus de deux mandats de cinq ans chacun. Cette mesure vise à prévenir les dérives autocratiques et à favoriser l’alternance au sommet de l’État, une revendication souvent exprimée par l’opposition et la société civile guinéennes.
Cependant, malgré ces avancées, le projet de Constitution soulève des interrogations, notamment concernant le statut du général Mamady Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de 2021. Alors que la charte de transition en vigueur interdit explicitement sa candidature aux futures élections, cette interdiction n’apparaît pas dans le projet de Constitution. Cette omission suscite des inquiétudes et laisse la porte ouverte à une éventuelle participation de Doumbouya aux prochaines élections présidentielles, un scénario qui pourrait polariser davantage la scène politique guinéenne.
Les critiques soulignent que l’absence d’une clause claire interdisant la candidature de Doumbouya pourrait être perçue comme une tentative de prolonger son pouvoir, en contradiction avec les aspirations de nombreux Guinéens pour un retour rapide à une gouvernance démocratique. D’autres estiment que cette omission pourrait être une stratégie pour permettre une transition en douceur, tout en laissant une certaine flexibilité dans le choix des futurs dirigeants.
En dépit de ces zones d’ombre, la publication de ce projet de Constitution constitue un signal fort de la volonté des autorités de restaurer l’ordre constitutionnel et de mettre fin à la période de transition. La tenue du vote avant la fin de l’année sera un moment crucial pour la Guinée, car elle pourrait déterminer l’orientation future du pays. La communauté internationale, qui suit de près l’évolution de la situation en Guinée, espère que ce processus constitutionnel sera transparent, inclusif et respectera les aspirations du peuple guinéen.
Ibrahim K. DJITTEYE