GUINÉE — Moussa Dadis Camara quitte Conakry en toute discrétion après sa grâce présidentielle.
Dans la nuit du samedi au dimanche, l’ancien chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, a quitté Conakry dans une discrétion totale à bord d’un vol de la Royal Air Maroc. Son départ s’est effectué aux alentours de 2 heures du matin depuis l’aéroport international Ahmed Sékou Touré, sans communication officielle sur sa destination finale.Selon certaines sources, une escale à Casablanca serait prévue, mais aucune confirmation n’a été donnée à ce stade.
Ce départ soudain, dans un climat de silence officiel, suscite interrogations et critiques au sein de la classe politique et de la société civile.Condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, où plus de 150 manifestants pro-démocratie avaient été tués et des centaines d’autres blessés au stade de Conakry, Moussa Dadis Camara avait été gracié le 28 mars dernier par le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, invoquant des raisons médicales.Réactions et controversesInterrogé par la presse, un député de l’opposition s’est dit « profondément préoccupé » par ce départ :> « La justice pour les victimes du 28 septembre est une ligne rouge. Une grâce présidentielle ne devrait pas être un passeport pour l’exil », a-t-il déclaré sous couvert d’anonymat.Du côté des associations de victimes, l’incompréhension domine.
Le collectif des familles endeuillées appelle à une clarification urgente de la situation :> « Nous demandons au gouvernement de garantir que cette grâce ne se transforme pas en fuite organisée », a martelé leur porte-parole.Encadré historique : le massacre du 28 septembre 2009. Le 28 septembre 2009, des milliers de Guinéens s’étaient rassemblés au stade de Conakry pour protester pacifiquement contre la candidature de Dadis Camara à l’élection présidentielle.
La répression fut d’une brutalité inouïe. Selon les Nations unies, plus de 150 personnes ont été tuées, et des dizaines de femmes ont été victimes de viols collectifs. Ce drame reste l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire récente du pays.
Rédaction